RDC : probable glissement du calendrier électoral

L’annonce d’un prochain recensement général de la population et les problèmes financiers de la Commission électorale  congolaise (CENI) font craindre un report des élections locales de 2015 et des élections générales de 2016.
élections Walikale novembre 2011 monusco
Un bureau de vote à Walikale pendant les élections contestées de novembre 2011 – Licence creative commons – Monusco
Le vaste projet de recensement de la population congolaise, annoncé début novembre, peut-il retarder l’organisation des élections locales, prévues en 2015 par la Commission électorale (CENI) ? C’est en effet la question que beaucoup d’observateurs se posent après la publication d’une ordonnance présidentielle nommant les nouveaux membres du Conseil d’administration de l’Office national d’identification de la population (ONIP). C’est une femme, Geneviève Inagosi, qui prend la tête du conseil d’administration de l’Office, alors qu’Adolphe Lumanu, ancien ministre de l’Intérieur, a été nommé directeur général.
Combien de temps prendra le recensement ?
En rendant opérationnel l’ONIP, le président Joseph Kabila réactive le serpent de mer d’un recensement complet de la population, dont les chiffres sont obsolètes depuis… 1987. L’opération a d’ailleurs été plusieurs fois reportée. A Kinshasa,  beaucoup s’inquiètent de la proximité d’un possible recensement avec la tenue des élections locales, prévues en 2015. Selon la Constitution congolaise, le fameux recensement doit avoir lieu « en amont des élections ». La question est donc de savoir combien de temps peut prendre un tel recensement dans un pays grand comme l’Europe occidentale, sans voie de communication et avec une population approximative de 70 millions d’habitants ? Seule certitude : il y a peu de chance qu’une telle opération soit bouclée en moins d’une année. Dans un entretien accordé à Afrikarabia, l’opposant Vital Kamerhe (UNC) estimait à 3 ou 4 ans la durée nécessaire pour une telle opération – voir notre article. L’inquiétude est donc grande de voir le calendrier électoral « glissé », décalant également les élections générales (présidentielle et législatives) fixées en 2016.
Retards et manque d’argent
Une autre source de préoccupation plane également sur le calendrier électoral congolais : son financement. Après les élections contestées de novembre 2011, le gouvernement avait affirmé sa volonté de financer intégralement ses prochains scrutins. Selon une ONG locale, Agir pour des Elections Transparentes et Apaisées (AETA), les autorités congolaises avaient prévu d’allouer 169 millions de dollars au processus électoral. Aujourd’hui, la commission électorale n’a obtenu que 30 millions. Selon l’AETA, « l’organisation des élections n’est techniquement plus possible ». Enfin, l’Aprodec, une association congolaise basée à Bruxelles, dénonce régulièrement les atermoiements de la CENI, notamment en ce qui concerne la fiabilité du fichier électoral. En 2011, de nombreuses irrégularités avaient été relevées au cours des élections présidentielle et législatives. L’Aprodec note que « l’opération de fiabilisation du fichier électoral censée prendre fin le 21 octobre 2014 est toujours en cours ». Par ailleurs, l’audit externe qui devait débuter le 1er octobre 2014 « n’a toujours pas commencé » selon l’association.
Joseph Kabila joue-t-il la montre ?
Dans ce contexte, peu nombreux sont ceux qui croient encore réaliste le calendrier publié par la CENI. Du côté de la majorité présidentielle ont affirme vouloir justement tenir compte des « ratés » des élections de 2011 pour améliorer « la transparence et le crédibilité des scrutins ». Seul souci : les retards accumulés et le manque de financement risquent de reporter les scrutins de 2015 et sans doute ceux de 2016. Un « glissement » du calendrier que dénoncent les partis d’opposition qui craignent ainsi voir Joseph Kabila se maintenir au pouvoir au-delà de 2016. Le président congolais est en effet empêché par la Constitution de briguer un troisième mandat. Un vive débat secouait la classe politique autour d’un possible projet de révision constitutionnelle qui aurait permis au président congolais de se représenter en 2016. Mais après la chute du président Burkinabé Blaise Compaoré, qui projetait lui aussi de modifier la Constitution pour rester dans son fauteuil, il est désormais peu probable que le parti de Joseph Kabila passe en force avec une révision constitutionnelle. Seul moyen pour rester au pouvoir, l’opposition pense que le président congolais « joue la montre » et retarde la tenue des élections par manque de temps et de moyens. Pour le moment, aucune information en provenance de la CENI n’est venue rassurer les plus sceptiques.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia

Source: http://linkis.com/afrikarabia.com/word/KgKJU

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