Kenya: le président Kenyatta en route pour la CPI à La Haye
Le président kényan Uhuru Kenyatta
était en route mardi pour La Haye, pour une comparution inédite le
lendemain devant la Cour pénale internationale (CPI), la première d’un
chef de l’Etat en cours de mandat devant cette juridiction.
M.
Kenyatta, accusé de crimes contre l’humanité pour sa responsabilité
présumée dans les violences post-électorales de fin 2007 et début 2008
dans son pays, a annoncé répondre à la convocation de la CPI à titre
personnel et non comme chef de l’Etat. Il a délégué ses pouvoirs à son
vice-président William Ruto le temps de son séjour à La Haye.
Mardi
matin, il a salué ses partisans à l’aéroport de Nairobi avant
d’embarquer sur un vol régulier de Kenya Airways, accompagné de sa femme
et d’un de ses enfants, a constaté un journaliste de l’AFP. Trois
ministres et six députés font également le voyage avec lui.
Selon
un responsable de la présidence kényane, Uhuru Kenyatta, qui n’a fait
aucune déclaration à son départ, a payé lui-même son voyage. « Comme il
l’a clairement dit lundi, il ne voyage pas en tant que président, donc
les coûts ne sont pas assumés par l’Etat », a expliqué cette source sous
couvert d’anonymat.
Mercredi,
M. Kenyatta, 52 ans, deviendra néanmoins le premier chef d’Etat à
comparaître durant son mandat devant la CPI. Il a déjà comparu une fois
devant la CPI, mais avant son élection à la magistrature suprême en mars
2013.
Depuis,
son procès a été reporté à plusieurs reprises, notamment en raison de
la rétractation de plusieurs témoins importants. La probabilité que ce
procès ne s’ouvre un jour n’a cessé de se réduire au fil des mois,
surtout depuis que l’accusation a demandé son report sine die, faute de
preuves suffisantes.
Mercredi,
Uhuru Kenyatta doit assister à la « Conférence de mise en état » à la
CPI, qui doit examiner cette requête du procureur Fatou Bensouda, ainsi
que la demande formulée en réponse par la défense — abandonner les
poursuites.
- « Farce » -
A La Haye, les procureurs ont demandé aux juges de sanctionner le Kenya pour son manque de coopération lors de l’enquête.
Le
parquet veut consulter les comptes bancaires de M. Kenyatta, ses
déclarations fiscales et les relevés de ses appels téléphoniques passés
pendant la période des violences post-électorales de décembre 2007.
Ces
violences qui avaient éclaté après la victoire annoncée et largement
contestée du président sortant Mwai Kibaki à la présidentielle avaient
fait plus de 1.000 morts et 600.000 déplacés.
Si
les juges établissent que le Kenya ne coopère pas suffisamment, la
requête pourrait être portée devant l’Assemblée des Etats membres de la
CPI.
Des
observateurs considèrent cependant que l’Assemblée ne pourrait que
condamner les faits, et qu’un tel geste n’aurait aucun effet sur le
Kenya.
Le procureur général du Kenya Githu Muigai, qui représente son pays à l’audience, a vigoureusement démenti ces accusations.
La
décision d’Uhuru Kenyatta de se rendre à La Haye, mais de le faire en
tant que « citoyen privé », était perçu mardi par les médias kényans
comme une habile façon d’échapper à une comparution « humiliante » pour
le chef de l’Etat, tout en évitant au pays de se transformer en « nation
paria ».
Pour
un éditorialiste du quotidien The Nation, sa décision « doit avoir
coupé le sifflet à ceux dans l’opposition et la société civile qui
salivaient à la perspective de voir le président se faire humilier en
comparaissant devant la CPI ou de le voir snober la convocation et se
transformer en fugitif international ».
« En
choisissant de jouer le jeu, le président montre qu’il n’a rien à
cacher », a de son côté estimé l’autre grand quotidien du pays, The
Standard.
Sévère
à l’égard de la CPI, où ne s’est selon lui pour l’instant joué qu’une
« farce », le journal a toutefois ajouté que la « quête de justice ne
doit pas être abandonnée » pour tous ceux qui ont été « tués »,
« mutilés » ou qui ont tout perdu dans les violences.
« En
tant que victimes, nous voulons que la justice à laquelle nous aspirons
soit rendue », a confirmé Maureen Opondo, porte-parole de déplacés dans
la région de Nianza, dans l’Ouest du Kenya.
Nombreux sont cependant ceux à penser que le dossier contre Uhuru Kenyatta est sur le point de s’effondrer.
AFPsource: http://democratiechretienne.org/2014/10/07/kenya-le-president-kenyatta-en-route-pour-la-cpi-a-la-haye-pour-repondre-de-crime-contre-lhumanite-afp/
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