Le challenge du Congolais face au Zairois!
Le 24 novembre 1971, le président Mobutu avec son « Recours à l’authenticité », décide d’abolir tous les noms à connotations occidentales et impose des appellations « bantous » aussi bien au pays, sa monnaie, son fleuve qu’aux villes et à ses concitoyens. La République démocratique du Congo s’appellera désormais Zaïre, il en sera de même pour la monnaie nationale et le fleuve. Selon les historiens, le nom Zaïre tirerait ses origines du mot Nzadi qui signifie fleuve en kikongo (dialecte parlée dans la partie Sud-Ouest du pays). Suite à un lapsus de l’explorateur portugais Diego Cao qui en 1482, qui en découvrant l’embouchure du fleuve Congo, s’enquit auprès des autochtones de l’appellation de cette dernière, c’est donc par erreur que Zaïre remplacera Nzadi. Le 17 mai 1997 avec la chute du régime Mobutu, le nouveau président Laurent Désiré Kabila décide d’en finir avec le Zaïre en réinstaurant la République démocratique du Congo. La R.D.C. est un pays potentiellement riche mais le hic en est que cette richesse ne se limite qu’aux seuls manuels scolaires. Le seuil de pauvreté est à ce jour l’un des plus interpellant au monde. D’aucun pourrait attribuer la crise que traverse ce pays au conflit armé qui y sévit depuis près de 10 ans mais la réalité en est toute autre. Celle-ci n’est que la résultante d’un mal social très profond qui aura couvé et germé pendant plus de 30 ans. De 1965 à 1997, sous le régime de Mobutu, le Congo-Zaïre aura connu une des plus fortes dictatures du siècle passé. Avec l’utilisation de la force comme arme de dissuasion à toute tentative d’opposition, le président était «le léopard» celui qui osait le perturber sur son territoire était dévoré sans autre forme de procès. Ajouté à cela l’enrichissement sans limite et sans partage du chef et de sa cour, les deniers publics sont gérés comme leurs avoirs propres. Un système est institutionnalisé qui sera très bien illustré par le discours public du chef de l’Etat le 20 mai 1976, s’en prenant à certains de ses collaborateurs accusés de détournements de fonds publics, « … Si vous désirez voler, voler un peu et intelligemment, d’une belle manière. Si vous volez tant que vous devenez riche en une seule nuit, on vous attrapera ! … » Dans la société zaïroise tous les moyens sont bons pour parvenir à nouer les deux bouts de mois ou pour accéder à ses fins. La corruption, le vol, l’escroquerie, le mensonge, la prostitution, le trafic d’influence, le recours à la force et tant d’autres abus et maux sont des faits normaux et acceptés par tous. Des phrases telles que “ Miso makasi ndoki te” qui pourrait être traduit en français comme “ La raison du plus fort est la meilleure” ou encore “Olali balali yo” qui signifie simplement “Si tu dors, tu te fais baiser” sont de rigueur, le Zaïrois est passé maître dans l’art de la création de maximes aussi folles les unes que les autres pour justifier ses agissements. Les vertus morales ne sont plus de mise dans cette société, les honnêtes gens sont considérés comme les “yuma” en d’autres termes “imbéciles” tandis que ceux qui ne s’offusquent d’aucune valeur morale pour atteindre leurs buts sont les “gangs” ou “yankees”, autrement dit “les cracs” ils sont carrément placés sur un piédestal. Ce qui sous d’autres cieux seraient considérés comme des anti-valeurs, sont acceptés comme des valeurs au Zaïre. Pendant plus de 30 ans cette façon d’agir va implanter ses racines et prendra des proportions inimaginables à un tel point que cela devient presque gênant et honteux d’être honnête ou considéré comme tel. Ceci aura pour conséquence directe la détérioration du tissu économique, la crise socio-economico-politique qui va s’installer reste jusqu'à ce jour une des plus calamiteuses à travers la planète. C’est avec un grand soulagement et une joie manifeste que la population va accueillir, Laurent Désiré Kabila et ses troupes venus “libérer” le pays de la dictature mobutienne. Avec ce nouveau dirigeant se sont des lendemains enchanteurs qui s’annoncent pour le pays. Il promet d’éradiquer les anti-valeurs mais aussi surtout de remettre l’économie sur les rails afin que l’ex. Zaïrois redevenu Congolais par la volonté du nouveau chef puisse vivre décemment. Les discours qui se multiplient au lendemain du 17 mai 1997 redonnent espoir à un peuple paupérisé et clochardisé à outrance, les années de dictature qui viennent de s’achever sont désormais des mauvais souvenirs et l’avenir à l’entendement de tous ne pourra jamais être pire que les trente deux années passées. Mais seulement voilà entre les discours et son application il existe un fossé. Le mal qui ronge la société est si profond qu’il faut bien plus que des discours pour en venir à bout. La crise aura ébranlé la quasi-totalité de la société, c’est un véritable virus de l’immoralité qui s’est installé dans toutes les couches sociales confondues. Par conséquent, il est difficile de savoir comment et avec qui composer pour le combattre, c’est tout un système installé en trois décennies qui doit être remis en cause. Les institutions de base de la nation à savoir l’Etat, l’Eglise, la Famille et l’Ecole n’existent plus que de nom. L’ancien Premier Ministre Bernardin Mungul Diaka, dans un style imagé qui lui était propre avait ironisé au lendemain du changement de pouvoir, soulevant un fait qui va s’avérer malheureusement vrai, comparant le pays à un véhicule de transport en commun, il avait estimé que les pannes restaient les mêmes mais que seul l’équipage avait changé. En d’autres termes ce ne sont pas les hommes au pouvoir qui doivent changer mais bien au contraire c’est la mentalité de tout un peuple. Fort est de constater aujourd’hui, 10 ans après la chute de Mobutu, malgrès ce qu’une certaine opinion considère comme les premières élections démocratiques dans ce pays, la mentalité zaïroise reste de mise. Du plus haut sommet jusqu’au plus bas échelon de l’Etat, tout est mis en place pour que ce pays persiste dans ce style de vie qui est le sien depuis près de 40 ans. Le miracle que d’aucun espère ne risque pas de s’opérer de sitot. La solution ne réside pas dans ces élections pseudos démocratiques qui bien au contraire n’aura été qu’une énième occasion d’étaler sur la voie publique, l’esprit roublard qui caractérise la classe politique Zaïro-congolaise. La R.D.C d’aujourd’hui n’a rien a envier au Zaïre d’hier sur le plan des anti-valeurs bien au contraire, n’en déplaise à une certaines opinion, les faits sont là pour le confirmer... Gauthier Matho.
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