Emploi des jeunes en RDC: Défis et pistes de solutions
L’emploi est un défi aujourd’hui pour les jeunes du monde,
mais en RDC le cas est particulier. Dans ce pays, le marché du
chômage l’a emporté sur celui de l’emploi, et c’est par là que
doit pourtant finir la course des jeunes étudiants. C’est d’une
observation portant sur le calvaire des jeunes à la recherche de
l’emploi en RDC qu’est né cet article collectif de trois jeunes
blogueurs congolais. De Kinshasa, Aimé KAZIKA (@AimKazika) s’est joint à Fidèle BWIRHONDE
(@FBwirhonde) de Lubumbashi et Murhula
ZIGABE (@murhula2000) de Bukavu. L’état des lieux,
les défis des jeunes et des gouvernants et les pistes des
solutions sont les matières traitées dans cet article.
A. Contexte général, description et problématique de l'emploi des jeunes en RDC. Par Aimé KAZIKA - http://avenirdesjeunesdrc.blogspot.com/
La problématique de l’emploi des jeunes est l’une des
préoccupations qui marquent les agendas actuels des responsables
et partenaires de développement. Devant l’échéance de l’atteinte
des Objectifs du Millénaire pour le Développement fixé à 2015, la
jeunesse est devenue une thématique d’actualité.
En effet, la République Démocratique du Congo, notre cher beau
pays, fait face à une urgence de pourvoir aux besoins incessants
de nombreux jeunes en quête d’emploi. Si nous nous référons aux
données de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), plus
de 65% de la population a moins de 25 ans et la tranche d’âge des
15-24 ans représente près de 20% de la population nationale
congolaise (OIT, mars, 2012).
Raison pour laquelle, un recadrage de la politique sur l’emploi
des jeunes est une nécessité, sinon, la tendance actuelle
n’augure aucun bon avenir, malgré le slogan entendu ça et là dans
la création de l’emploi, et divers programmes mis en place pour
endiguer le chômage des jeunes.
La croissance vertigineuse de l’économie informelle qui, pour
l’ensemble du pays, emploie près de 80% de la population active,
n’a pas permis de résorber le chômage des jeunes et/ou des
femmes.
La pression qu’exerce la croissance du nombre des jeunes au
chômage est intenable pour le gouvernement congolais parce
qu’elle présente des risques pour la paix sociale conclut
l'Organisation Internationale du Travail (OIT).
Dans ce contexte de crise créé par des problèmes sociaux,
économiques, sécuritaires et politiques, l’emploi est devenu une
denrée rare pour des nombreux jeunes. Même les chiffres avancés,
ne permettent pas de traduire la réalité sur le terrain.
En RDC, la pauvreté des jeunes augmente proportionnellement du
jour le jour. Cette situation est donc inévitablement perceptible
pour les populations vivant dans les quartiers dits pauvres. La
disparition progressive des emplois formels a accru le taux de
chômage général dans l’ensemble du pays où le secteur informel
couvre 95 % de la population vivant alors dans le petit commerce,
la débrouillardise et le commerce ambulant.
Le secteur informel notamment le petit commerce, les ateliers de
couture, de mécanique et de menuiserie, le salon de coiffure, les
cabines téléphoniques et l’agriculture familiale sont là les
grandes activités lucratives exercées par les jeunes sans emploi
ou en quête de l’emploi. Cette adaptation aux réalités de
l'environnement économique et social de la RDC pousse de nombreux
citoyens à tout faire et à tout apprendre sans une vision à long
terme et sans tenir compte des besoins du pays.
Un rapport de la BAD (Banque Africaine de Développement), 2012,
déclare : « Il arrive fréquemment que des jeunes diplômés
deviennent vendeurs, « cambistes », receveurs, tenanciers d'une
cabine téléphonique, gardes,… faute de manque de possibilités
d’embauche. Le manque de travail et l'absence de structures
efficaces dans ce secteur poussent aussi de nombreux jeunes vers
la délinquance.
Selon la Banque Mondiale, la RDC devrait créer 2 à 4 millions
d’emplois chaque année pour absorber les nouveaux arrivants sur
le marché du travail et réduire la pauvreté, toutefois, dans son
DSCRP 2 couvrant la période 2012‑2016.
B. DÉFIS DES JEUNES ET DES AUTORITÉS SOCIOPOLITIQUES EN
RDC. - Par Fidèle BWIRHONDE - http://fideleblog.canalblog.com/
La portion est amère, pour ainsi décrire la situation dans
laquelle se retrouvent les jeunes congolais, presque tous tirés,
on dirait, par un malheureux sort commun. Ils sont des milliers
les jeunes que les universités congolaises déversent sur le
marché de l'emploi, un marché où il n'y a presque plus de
preneur. Et de l'autre coté, les autorités congolaises semblent
insensibles. Encore jeunes, elles crient d'une voix commune pour
dénoncer voire condamner les déviations des dirigeants en place,
le manque d’emploi. Une fois au pouvoir, les moutons d'hier
deviennent les loups d'aujourd’hui. En fait, disons que les défis
des jeunes en RDC sont multiples face aux soucis d’accès à
l’emploi.
Il faut les définir selon les milieux, d'une part, et les
conditions de vie, d'autre part. L’une des problématiques c'est
que notre pays est encore largement rural au point que même les
statistiques sur les jeunes ne décrochent plus facilement ma
confiance, car ne portant souvent que sur une frange de la
population. -Je ne suis pas si sceptique.- Dans ces conditions,
il est difficile d'uniformiser les visions des jeunes congolais
dont seule une frange accède à une réelle éducation. Ce qui
indique que les autorités auront du mal à appliquer une politique
commune à des communautés différentes. Malheureusement, à la
place d'adapter leurs plans, elles croisent les bras.
En ville, les jeunes pensent d'abord études. L'administration ou
la politique et les affaires sont des choix de premier plan. Mais
les conditions d'étude réduisent les chances de plus sérieux,
surtout que tous les domaines sont ouverts à tous et donc à
n'importe qui, puis la corruption qui s'en mêle. Nous, les
pauvres, devons alors travailler double quand les bourgeois
peuvent fainéanter. Du coup, pas étonnant qu'une « bourrique »,
gouverne un génie, et rien à y faire. Ici, le défi pour les
jeunes renvoie à la prise de conscience des besoins du pays et
des voies honnêtes d'y apporter solution. Pour les autorités, il
s'agit de garantir à la jeunesse un encadrement équitable,
équilibré et rigoureux selon les besoins nationaux. Et cela exige
une certaine orientation.
Une attention particulière s’impose face à l’hémorragie liée à la
fuite de cerveaux vers la chasse au bonheur à l’étranger.
Analyser les urgences pour le pays et restructurer
l’enseignement, garantir les mêmes chances à tous les jeunes,
tout en les mettant en confiance notamment par les pratiques
politiques dignes, le respect des engagements face au peuple,…
doivent être de mise et ainsi n'aura-t-on pas autant de frustrés
parmi les citoyens.
Chers jeunes, on n'est jamais mieux que chez soi. Le mal que nous
dénonçons demeurera si vous tous devez voir le bonheur ailleurs.
La RDC a besoin de vous jeunes. Votre défi ici c'est de rester
déterminés, engagés solidairement, et braves. Créer un emploi,
c’est possible, pas facile, mais ne l’attendre que de l’Etat
c’est verser dans l’utopie.
Politiquement, doit-on rappeler que la taille continentale de
notre pays est aussi un défi majeur. La question du fédéralisme
me parait à nouveau valable pour doter les nouvelles entités des
moyens nécessaires à résorber leurs chômeurs. Ceci fera à ce que
Kinshasa ne se sente plus envahi par les fils de l'intérieur,
autant que le Katanga ne condamnera plus ses fils à rêver leurs
vies à Lubumbashi, en donnant naissance à quatre nouvelles
provinces.
Dans l’autre sens, les jeunes congolais sont nombreux au chômage,
et c'est aussi de leur faute. Au-delà de ne pas prendre toujours
au sérieux leurs études, ils sont tellement paresseux que les
expatriés semblent mieux en RDC que les nationaux. La créativité,
l'esprit d'initiative, il n'y en a pas. On dit ne pas avoir de
moyens, et c'est souvent vrai, mais pas seulement que ça la
raison, bien qu’ici l'État ait démissionné. Le défi de
financement de quelques projets des jeunes reste à relever par
les autorités, ne serait-ce que pour encourager les quelques
talents et initiatives. Mais cela n’empêche pas les jeunes de
s’engager d’avantage, car déjà, la vérité ce que les jeunes
congolais sont aussi très distrait. Un autre défi !
Le développement mondial, avec les secteurs de la vie que cela
implique, n'a jamais été envisageable sans la jeunesse. Les
jeunes doivent donc prendre conscience que la lutte contre le
chômage ne doit pas être qu'une envie mais une vie. La
diversification dans les affaires fera gagner plus vite que quand
ils se tournent tous vers les mêmes secteurs. Les jeunes
congolais ne doivent demeurer bornés, bons copistes et mauvais
concepteurs. La différence est encore possible, j’ai espoir en
vous, bien que pas sans doute.
C. PISTES DE SOLUTION. Par Murhula ZIGABE
-https://lajusticedabord.wordpress.com/
L'emploi est une chaîne qui lie chaque jeune à la vie et à son
Etat. Lorsqu'un Etat échoue à garantir de l'emploi à ses jeunes,
il s'insécurise. Nous ne pouvons plus donc nous étonner en nous
rendant compte que le taux de criminalité est en train
d'augmenter dans nos villes, que l'insécurité est en train de
grandir dans nos villages et que le nationalisme est en train de
mourir chez-nous.
Dans notre pays, le nombre de jeunes au chômage déborde. Ces
derniers sont devenus des vaux-riens, des impuissants, des
vulnérables, des jeunes de la rue. Ils n'ont plus et de valeur à
défendre et de bien à protéger. Pour eux c'est comme si la vie
s'est arrêtée.
En effet, pour qu'il y ait plus d'emplois en R.D. Congo, il faut
deux choses: la volonté politique et le changement de mentalité
de la part des jeunes.
1. La volonté politique:
L'Etat congolais a le devoir de créer de l'emploi pour ses
citoyens. Pour y parvenir, il doit améliorer son climat des
affaires de manière à attirer les investissements locaux et
étrangers. Améliorer le climat des affaires c'est se préoccuper
de la sécurité, des infrastructures et de la corruption.
L'éradication de l'insécurité et la corruption et l'amélioration
des infrastructures vont diversifier les secteurs qui créent de
l'emploi et ainsi redonner de l'espoir à de milliers des jeunes.
La volonté politique peut encore se traduire par la reforme de
l'éducation nationale. En effet, le drame qui entoure ce
phénomène de chômage des jeunes en R.D. Congo ce qu’une bonne
partie de jeunes au chômage n'ont pas achevé l'école primaire. Et
ceux qui ont achevé le cycle universitaire sont pour la plus part
des fois détenteurs des diplômes des sciences sociales. D'où
l'inadéquation entre la main d'œuvre présente sur le marché de
l'emploi et le besoin éprouvé par les entreprises en main
d'œuvre.
L'éducation doit répondre aux besoins des entreprises et mettre
fin, par ce fait, au système d'importation de la main d'œuvre par
les entreprises.
Reformer l'éducation nationale c'est aussi ajouter le cours sur
l'entreprenariat aux programmes des cours de chaque filière. Le
bienfait de ce cours c'est qu'il est capable de transformer un
chercheur d'emploi en créateur d'emploi.
2. Le changement de mentalité de la part des
jeunes:
En effet, le chômage dans lequel un grand nombre de jeunes
congolais est plongé aujourd'hui est un message que nous devons
changer notre mode de vie. La mode de vie à changer c'est la
surconsommation. Ne sommes-nous pas devenus un marché où les
autres vendent ce qu’eux mêmes ne peuvent pas acheter? Ne
pouvons-nous pas être des jeunes et ne pas surconsommer? Ne
pouvons-nous pas être des jeunes et penser à l'épargne? Ne
pouvons-nous pas être des jeunes et ne pas céder aux influences
de nos sentiments, aux influencent de ceux qui nous entourent?
Si nous régulons notre consommation, chacun d'entre nous ne
peut-il pas proposer une solution individuelle au chômage?
Documentation :
1. Document de Stratégies de Croissance et de Réduction
de la Pauvreté (DSCRP-2), 2011-2015, RDC
2. Allocution lors de la Journée de l’emploi des Jeunes
portant sur : « Travail décent pour les jeunes dans un contexte
de reconstruction et de modernisation de la République
Démocratique du Congo », OIT, mars 2012.
3. Perspectives Economiques Africaines (PEA), BAD,
2012
Commentaires