Qui est ce Muhammadu BUHARI, nouveau président du Nigéria ?
Muhammadu BUHARI, président du Nigéria.
La commission électorale nigériane a annoncé mardi que le succcesseur du président sortant Jonathan GOODLUCK serait le principal candidat de l'opposition, Muhammadu BUHARI. Jeune Afrique revient sur le parcours de celui qui aura désormais les rênes du plus peuplé des pays d'Afrique entre les mains durant quatre ans.
Muhammadu BUHARI est né le 17 décembre 1942 à Daura,
dans l’État de Katsina situé au nord du Nigeria à la frontière avec le
Tchad. Issu d’une famille nombreuse (il est le dernier d’une fratrie de
23 enfants), le candidat du All Nigeria Peoples Party (APC) s’est marié
deux fois et a eu dix enfants.
En 2011, Muhammadu BUHARI s’est exprimé publiquement lors d’un séminaire en faveur d’une application totale de la loi islamique dans tout le pays. « Si Dieu le veut, nous n’arrêterons pas l’agitation pour la mise en œuvre totale de la charia dans le pays« , avait-il déclaré. Mais en janvier 2015, en pleine campagne électorale, il avait rectifié le tir en défendant la liberté de culte, rappelant au passage n’avoir jamais imposé la charia lorsqu’il était au pouvoir entre 1983 et 1985.
En 2011, Muhammadu BUHARI s’est exprimé publiquement lors d’un séminaire en faveur d’une application totale de la loi islamique dans tout le pays. « Si Dieu le veut, nous n’arrêterons pas l’agitation pour la mise en œuvre totale de la charia dans le pays« , avait-il déclaré. Mais en janvier 2015, en pleine campagne électorale, il avait rectifié le tir en défendant la liberté de culte, rappelant au passage n’avoir jamais imposé la charia lorsqu’il était au pouvoir entre 1983 et 1985.
Militaire et chef de junte pendant vingt mois
À l’âge de 19 ans, Muhammadu BUHARI rejoint l’armée. Suivent
plusieurs années de perfectionnement en Grande Bretagne, puis il gravit
les échelons pour devenir en 1980 officier général des forces armées
nigérianes. Une carrière qui a notamment été accélérée par sa
participation en 1966 au coup d’État mené par le lieutenant-colonel
MURTALA Muhammed pour renverser le régime d’Aguiyi IRONSI.
Quelques années plus tard, en décembre 1983, le général BUHARI
prendra les rênes du pouvoir après avoir renversé le président Shehu
SHAGAR élu en 1979. Ce passage à la tête de l’État durera jusqu’en août
1985, date à laquelle il est renversé par le général Ibrahim BABANGIDA.
Ses vingt mois de gestion du pays ont conduit de nombreuses personnes en
prison, dont Fela KUTI, inventeur légendaire de la musique nigériane
« afrobeat » et éminent activiste des droits de l’homme.
L’affaire Umaru DIKKO est l’un des épisodes les plus célèbres de la
présidence BUHARI. Ministre dans le gouvernement renversé, DIKKO avait
été kidnappé à Londres par les agents secrets nigérians. Un agent des
douanes de l’aéroport de Stansted découvre alors dans une « valise diplomatique »
à destination de Lagos, l’ex-ministre inconscient. L’incident avait
provoqué une crise diplomatique majeure avec la Grande-Bretagne et
quatre hommes avaient été emprisonnés pour enlèvement.
La « méthode BUHARI » était donc rude, dans de nombreux
domaines. Le quotidien britannique The Telegraph indique par exemple que
la tricherie lors d’examens universitaires pouvait conduire à une peine
d’emprisonnement de vingt ans et que les fonctionnaires étaient soumis à
des punitions physiques en cas de retard au travail.
En 1984 et en 1985 alors que l’Afrique de l’ouest traversait une
grave crise alimentaire, BUHARI avait fait expulser plusieurs centaines
de milliers de Nigériens vivant alors au Nigeria. Aujourd’hui encore
l’épisode de cette famine est surnommée « El-Buhari » à l’est du Niger.
Trois fois candidat malheureux à la présidentielle
Muhammadu BUHARI a été désigné candidat en décembre 2014 par le
principal parti d’opposition, le Congrès progressiste (APC), avec 3 430
voix, loin devant l’ancien vice-président ATIKU Abubakar qui n’a obtenu
que 954 voix.
Il avait effectué son retour en politique en 2003 lors de l’élection présidentielle perdue contre l’ancien général Olusegun OBASANJO, qui l’a aujourd’hui rallié. En 2007 et en 2011, il n’avait pas connu un sort plus heureux face à UMARU Yar’Adua puis Jonathan GOODLUCK. Sa défaite en 2011 a entraîné des violences au cours desquelles un millier de Nigérians au moins ont trouvé la mort.
Il avait effectué son retour en politique en 2003 lors de l’élection présidentielle perdue contre l’ancien général Olusegun OBASANJO, qui l’a aujourd’hui rallié. En 2007 et en 2011, il n’avait pas connu un sort plus heureux face à UMARU Yar’Adua puis Jonathan GOODLUCK. Sa défaite en 2011 a entraîné des violences au cours desquelles un millier de Nigérians au moins ont trouvé la mort.
Un ticket avec le sudiste Yemi OSINBAJO
Pour équilibrer la candidature de son parti face au président
sortant, Muhammadu BUHARI a désigné le 17 décembre 2014 pour la
vice-présidence Yemi OSINBAJO, issu de l’ethnie yoruba du sud du pays.
Ce dernier, responsable du département de droit public de l’Université
de Lagos, a une riche carrière professionnelle. Il fut notamment
conseiller spécial du procureur général du Nigeria, membre de la mission
des Nations unies en Somalie… Chrétien évangéliste, Yemi OSINBAJO a
fait partie du comité chargé de rédiger le manifeste du All Progressives
Congress (APC) en 2013.
Une alliance avec l’ancien président Olusegun OBASANJO
Si Muhammadu BUHARI a été battu à la présidentielle de 2003 par
Olusegun OBASANJO, tous les deux sont d’anciens généraux de l’armée
nigériane et leurs rapports sont très bons, au moins depuis que l’ancien
président a publiquement déchiré sa carte de membre du Parti
Démocratique Populaire (PDP, au pouvoir), en février dernier.
OBASANJO avait nommé en 1976 BUHARI au poste très stratégique de
ministre du Pétrole et des Ressources naturelles. Les relations
exécrables entre Jonathan GOODLUCK et Olusegun OBASANJO ont fortement
profité à BUHARI dans la dernière ligne droite de la campagne
présidentielle.
GOODLUCK a reconnu sa défaite
GOODLUCK a reconnu sa défaite
Le parti d’opposition du Congrès progressiste (APC) a affirmé à l’AFP
que le chef de l’Etat Jonathan GOODLUCKavait reconnu mardi sa défaite
face à son candidat, Muhammadu BUHARI, à la présidentielle nigériane, la
plus serrée de l’histoire du pays.
« Le président Jonathan a appelé à 17h15 (16h15 GMT) »,
pour reconnaître sa défaite, a déclaré Shehu GARBA, le directeur de
campagne de M. BUHARI. « Le général BUHARI a accepté et il l’a remercié
pour cela », a-t-il ajouté.
« C’est la première fois que l’opposition chasse un gouvernement par la voie des urnes dans l’histoire du Nigeria », a déclaré LAI Mohammed, porte-parole du Congrès progressiste
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