Quel bilan faites-vous des Objectifs du Millénaire pour le développement dans votre pays?
Des jeunes issus de différents pays ont associé leurs voix
afin de parler du bilan des Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD) dans leurs pays respectifs. Ce présent
article collectif est une analyse des jeunes sur les engagements
pris par les pays qui ont apposés leur signature afin de réaliser
des efforts pour l’atteinte des OMD.
Annoncé en 1998, le sommet du
Millénaire qui s’est tenu du 6 au 8 septembre 2000 au siège
de l’ONU fut
accompagné par une campagne d’information internationale de deux
ans. La campagne avait pour objectifs de consolider l’engagement
de la communauté internationale et le renforcement des
partenariats avec les gouvernements et la société civile pour
bâtir un monde sans laissés-pour-compte. Il s’est conclu avec
l’adoption par les 189 États Membres de la Déclaration du
Millénaire, dans laquelle ont été énoncés les huit(8)objectifs du Millénaire pour le
développement. Presque quinze (15) années après, où en
sommes-nous de ces objectifs ambitieux dans nos pays? Sont-ils
toujours réalisables ? Quel regard les jeunes portent-ils sur le
bilan de ces résolutions?
La République centrafricaine (RCA) fait partie des pays
signataires des OMD. Mais pour moi, beaucoup d’efforts restent à
faire afin d’atteindre ces objectifs ambitieux. Avec le conflit
politico-armé qui a secoué le pays depuis plus de deux ans, les
femmes et les enfants ont été principalement les plus
vulnérables. Si le rapport du le paludisme dans le monde en
2014 par l’OMD a montré une réduction considérable, cette maladie
est la principale cause de la mortalité chez les enfants et
adultes en RCA. L’extrême pauvreté s’est imposée à la population
et la misère et la faim sont devenues omniprésentes. Il y a
d’ailleurs un gros écart entre notre gigantesque potentialité, un
sous-sol extrêmement riche et notre béante
pauvreté. La femme n’a pas sa place dans la société
centrafricaine, elle est toujours marginalisée et l’homme reste
dominant. De milliers d’enfants en âge de fréquenter l'école ne
sont pas scolarisés. Au vu de la situation que je viens de
brosser, beaucoup reste à faire, la RCA est loin d’être un bon
élève en ce qui concerne les OMD.
Pour Murhula Zigabe, dans son pays la République
Démocratique du Congo des efforts significatifs ont été réalisés
par les dirigeants ainsi que les organisations humanitaires
présentes dans le pays pour faire des OMD une réalité. C’est
ainsi qu’il a souligné le fait que de nouvelles écoles ont été
construites et d’anciennes réhabilitées, des campagnes de
sensibilisation sur les bienfaits de l'éducation ont aussi été
menées, des centres de santé créés et équipés pour permettre à
tous les habitants de se faire soigner. Marlène KABEMBA, une
autre congolaise, explique que l’atteinte des OMD doit passer par
la bonne gouvernance, le respect des droits humains, la sécurité
…Or, ce sont encore des préoccupations auxquelles son pays fait
face pour le moment. Toujours en RDC, Aimé estime que son pays a
fait des progrès jusqu’en 2010, avant de connaitre des
difficultés à cause des bouleversements que le monde a connu,
notamment la crise économique.
Au Maroc, Chaimaa nous parle d’un constat selon
lequel le secteur des Institutions Sans But Lucratif (ISBL),
appelé encore société civile ou monde associatif, a connu un
essor important, coïncidant avec les mutations économiques et
sociales profondes que connait son pays. Pour cette marocaine,
les indicateurs tels que les taux d’analphabétisme, de
non-scolarisation, de chômage, ainsi que de pauvreté ont reculé
de manière importante. A travers les plaidoyers et grâce aux
associations défendant les droits des femmes, ces dernières
occupent de nos jours une place importante dans la société
marocaine. Les jeunes s’impliquent activement afin de contribuer
à l’atteinte des objectifs du millénaire pour le développement.
Mais, malgré ce constant positif, beaucoup reste à faire.
En 2014, le gouvernement béninois s’est inscrit dans l’initiative 1000 jours pour la réalisation des OMD.
Cette initiative vise à accélérer des projets entrant en ligne de
compte pour l’atteinte de ces objectifs. Il y a un an, un
ministère a été créé pour accompagner les réformes. Et
Romeo Tessy, jeune béninois étudiant en Egypte
regrette que le Benin ait attendu très longtemps, à un an de
l’échéance pour se précipiter dans tous les sens, cherchant à
atteindre ces objectifs. Il remarque aussi que, les actions sur
le terrain ne sont pas visiblement perceptibles, mais qu’il y a
des raisons à espérer que l’extrême pauvreté soit réduite de
moitié d’ici 2015.
En Côte d’Ivoire, la longue et profonde crise
militaro-socio-politique qui a duré de septembre 2002 à 2011 a
fait ralentir les actions en faveur des OMD. C’est en tout cas ce
que remarque Rodrigue Koffi, jeune ivoirien. Pour lui, bien
que des avancées soient constatées, notamment dans l’accès à
l’éducation, la situation demeure inquiétante au niveau de
l’éradication de l’extrême pauvreté et il faut attendre après
2015 pour être réaliste. Si la prévision était de descendre à 16%
en 2015, le Programme des Nations Unies pour le Développement
estimait que près d’un ivoirien sur deux était pauvre à la fin
2011. Malgré le fait que le pays ait affiché une bonne santé
macro-économique avec des taux de croissance frôlant ou dépassant
les 10% du PIB depuis 2012, Rodrigue pense que ses effets tardent
à se faire ressentir dans le quotidien des populations, et leur
porte-monnaie.
Le Burkina Faso est quand même l’un des meilleurs élèves en ce
qui concerne les OMD. Madina Sore ne passe pas par mille chemins
pour se réjouir de la distinction obtenue par son pays lors de
l’édition 2010 des Prix des Objectifs du Millénaire pour le
Développement pour les progrès exceptionnels dans la réalisation
du septième OMD à savoir assurer un environnement humain durable. Pour
Madina, d’importants progrès ont été constatés pour améliorer la
condition de vie de la population. Des efforts ont été réalisés
dans les domaines de l’agriculture, de la promotion de l’égalité
des sexes et l’autonomisation des femmes, de l’accès à l’eau
potable et de la santé et de la lutte contre le VIH/SIDA et le
paludisme..
« Je suis triste de voir toute l’ambition des OMD et de
constater que mon pays le Cameroun, ne parvient pas à éradiquer
la faim » tels sont les propos introductifs de Josiane Kouagheu, jeune journaliste-reporter
parlant de son Cameroun-natal. Pour cette blogueuse, cette année
encore, en 2014, près de 33% d’enfants souffrent de malnutrition
dans le pays. A l’Est, au Nord et à l’Extrême-Nord, ils n’ont pas
de quoi manger. Pourtant, 2015 est la date où, selon les OMD,
cette faim devrait être éliminée. Rien n’aura changé dans
quelques jours qui nous séparent de 2015 selon Josiane, car ayant
fait un tour à l’Est, elle s’est rendue compte que la famine est
disséminée dans tous les coins du pays.
A Madagascar, vit une jeune étudiante dénommée Zo
Andrianina Harimbolasoa. Pour elle, l’analyse des
indicateurs des OMD montre que les progrès enregistrés pour
l’ensemble des objectifs demeurent faibles. Pour corroborer ses
dires, elle se base sur un rapport de suivi des OMD à Madagascar. Le
résumé de ce rapport donne: les personnes vivant en dessous du
seuil de la pauvreté sont de 72.1% en 2004 et 35% en 2015. Le
taux de scolarisation dans le primaire et le taux d’achèvement du
primaire est de 57% et 96% en 2006. Entre 47 à 49% des filles ont
eu accès à l’enseignement en 2006. En 2004, 59.6 % des filles de
plus de 15 ans sont alphabètes, le taux de mortalité infantile de
moins de 5 ans pour 1000 enfants 58% en 2004.
Je finis la rédaction de ce billet dont la richesse des
contributions dépasse mon entendement par cette fameuse question
: selon vous, les OMD dans votre pays en 2015, c’est un
rêve ou une réalité ? A chacun sa réponse et à chaque
pays ses progrès pour l’atteinte des OMD.
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