Quels enjeux doivent être entrepris pour la jeunesse africaine d'ici 2030 ? - Article collectif des blogueurs
Aujourd'hui, en 2014, le rôle de la jeunesse commence petit à
petit à se placer en tant que préoccupation importante de la
politique mondiale. L’Afrique est le continent qui compte
le plus grand pourcentage de jeunes.
De nombreuses avancées sont réfléchies, prises, avec parfois
le succès espéré, parfois non.
Les blogueurs stagiaires à la Voix des Jeunes se penchent
aujourd'hui sur le sujet « Quels enjeux doivent être entrepris
pour la jeunesse africaine d'ici 2030 ? » dans un article
collectif, avec chacun ses prévisions et ses opinions, pour une
meilleure intégration de la jeunesse dans notre société.
Chaimaa Kitmir, Maroc
Le Maroc, comme tout autre pays africain, bénéficie d’une
population jeune, qui représente 30% de la population totale.
L’enjeu principal de cette jeunesse est l’éducation. Une récente
enquête de la Banque Mondiale a révélé que près de la moitié de
la jeunesse marocaine des 15 à 29 ans n’est ni scolarisée, ni
active. Les données sur les jeunes montrent que les niveaux
d'exclusion des jeunes au Maroc sont encore très élevés : seuls
62% des jeunes sont enregistrés au niveau du secondaire, 200 000
jeunes abandonnent l’école chaque année, 13 % des jeunes
scolarisés dans la première année obtiennent leur diplôme 12 ans
plus tard et 68% des cas séropositifs sont âgés entre 15 et 39
ans.
Aussi, le niveau de méfiance vis-à-vis des institutions publiques
augmente, et la participation des jeunes à la vie politique reste
encore très faible : seulement 8% des jeunes sont membres d’une
ONG, association ou mouvement, et 1.3% sont affiliés à un parti
politique ou organisation syndicale. Cela montre que les jeunes
au Maroc n’accèdent pas au pouvoir, et n’arrivent pas à prendre
des décisions qui concernent leur avenir. Ajoutons à cela qu’ils
se retrouvent sans formation ni qualification et c’est ce qui les
exposent par la suite au chômage et à l’exclusion sociale
Cela met en exergue les besoins de ce groupe de la population en
matière d’éducation, de formation, d’emploi, de participation, de
santé, … et la nécessite d’un engagement intégral de la part de
tous les acteurs concernés au niveau national.
Baba Mahamat, Centrafrique
La jeunesse est l’âge auquel beaucoup de personnes aspirent à une
vie décente et de meilleures conditions de vie. La jeunesse
d’Afrique et du monde rencontre de plus en plus de problèmes pour
s’émanciper. De nos jours, le monde connaît d’incessantes
mutations. Mais au-delà de bonnes actions, les actions négatives
de l’homme rendent parfois l’homme inhumain dans les faits. Nous
vivons dans un monde où conflits armés, pauvreté endémique,
famine, analphabétisme, manque d’amour, sécheresse sont les mots
maîtres. En tant que jeune, je voudrais que l’horizon 2030
apporte pour la jeunesse du sang neuf, de nouvelles perspectives,
de nouveaux projets, de nouvelles idées. Que ce soit plus de
réalisations, plus de projets structurants tenant compte de la
jeunesse, plus de travail pour les jeunes, plus d’opportunités
d'entrepreneuriat des jeunes… bref, plus d’intégration des jeunes
dans la vie socio-économique des pays d’Afrique et du monde. Mais
pour cela, la jeunesse doit croire à sa potentialité, saisir les
opportunités qu’on lui offre, montrer ses talents, booster sa
créativité, être maître de son destin. Vivement une jeunesse
responsable en 2030.
Murhula Zigabe, République Démocratique du Congo.
Mon pays s'appelle la République Démocratique du Congo. C'est un
vaste territoire, un immense État qui se situe en Afrique
centrale. On y trouve de l'or, du coltan, de la cassitérite, du
diamant, de l'uranium, du pétrole...
Ses terres fertiles se baignent de toutes parts dans une
multitude de cours d'eau aux débits terribles. La pluie y tombe
abondamment grâce à sa flore qui abrite une faune susceptible de
faire tourner l'industrie du tourisme.
Cependant, la R.D. Congo abrite l'un des peuples les plus pauvres
de la planète: un bon nombre d'enfants ne vont pas à l'école, le
paludisme et la malnutrition y ravagent d'autres et ceux qui
survivent ont très peu de chances d'échapper à la rue vu la
misère qui frappe les familles dont ils sont issus. Cette
situation se justifie par l'impunité dont jouissent ceux qui
détournent les deniers publics.
De 2014 à 2030: c'est un temps qui peut suffire pour sauver le
pays, ou le ruiner.
Mon continent s'appelle l'Afrique. D'après la Banque Mondiale,
plus de la moitié de la population qui l'habite est constitué de
jeunes âgés de moins de 25 ans (http://live.worldbank.org/african-youth-forum-2014).
Comme la démographie est un déterminant politique d'une très
grande importance, ces jeunes deviennent alors une puissante
force capable de changer le cours des choses en Afrique. A eux de
décider.
De 2014 à 2030: c'est un temps qui peut suffire pour sauver le
continent ou le ruiner.
Nephalty Pierre-Louis, Haïti
En tant qu’Haïtien, j’ai décidé d’avoir un regard spécial sur
l’Afrique car c’est la terre de mes ancêtres. Considérons le
continent africain comme un verre à moitié plein posé sur une
table. La partie vide du contenant est pour moi tous ses
problèmes et le contenu est tout son potentiel. La majorité des
observateurs voient toujours la partie vide du verre pour
l’Afrique. C’est-à-dire le côté qui représente les guerres
civiles, la pauvreté, les maladies et tant d’autres maux que fait
face cette partie du monde. Ces sujets nourrissent les débats
partout, surtout à travers les medias. Cependant, rares sont les
gens, comme moi, qui regardent l’autre partie du verre qui
représente ses ressources et ses atouts. Je pense que c’est la
première approche qui fait que les initiatives prises par les
gouvernements et la communauté internationale, jusqu’à présent,
n’apportent pas de grands changements. Ils viennent souvent avec
des solutions préconçues de l’extérieur pour venir affronter les
problèmes de l’Afrique pour les africains.
Laissez-moi prendre un bref exemple. Près de 2 milliards
d’enfants naîtront en Afrique entre 2015 et 2050. La moitié de la
population africaine a moins de 20 ans; en 2015, 15 pays
africains auront une population composée en majorité d'enfants de
moins de 18 ans. Toutes ces données semblent effrayées et
sont considérées comme des problèmes. Des solutions extérieures
sont apportées comme l’encouragement des méthodes contraceptives,
planification familiale et l’utilisation de préservatifs.
Cependant quel est l’atout que donne un continent jeune? Moi je
dis que c’est une aubaine, dans la mesure où cette densité de
jeunes apportera de la diversification aux peuples africains et
de différents types de talents. Maintenant, ce sera aux
gouvernements de mener des politiques publiques pour les jeunes
afin de les encadrer, leur permettre de s’exprimer et d’évoluer.
Ceci en collaboration avec tous les secteurs. Le rôle de
l’international sera simplement d’apporter le support technique
et financier nécessaire. Voilà ce que j’espère pour la génération
2030, qu’ils puissent bénéficier de cadres adéquats qui
pourront pleinement mobiliser la force de changement qu’ils
représentent.
Pour terminer, et aussi montrer que les enjeux concernant la
jeunesse dépassent les frontières et les continents, une
contribution de la France :
Mathieu Saurin Bihan, France
La France est un pays comptant dans la population un peu plus de
8 millions de jeunes (soit environ 13 % de la population), selon
une étude de 2009.
Parmi ces 8 millions de jeunes, 20 % d'entre eux vivent en
dessous du seuil de pauvreté (soit 880 euros par mois). Cette
jeune population compte 550 000 demandeurs d'emploi, dont la
plupart ne touchent même pas d'indemnisation leur permettant de
subvenir à leurs besoins.
Cette statistique alarmante prouve bien une chose : en France,
malgré les avancées que l'on puisse avoir sur plusieurs domaines
par rapport à d'autres pays, on ne prête pas assez attention aux
problèmes de chômage.
Ici, pays où la plupart des jeunes ont leur baccalauréat en fin
de scolarité, ils sont souvent laissés, en quelque sorte, à
l'abandon, juste après.
Le nombre de travaux disponibles avec un simple baccalauréat est
extrêmement faible, ce qui réduit donc les jeunes à faire des
travaux saisonniers, des « petits boulots », le temps d'une
formation, qui parfois décourage, parfois s'avère impossible…
Je pense que sur ce quoi mon pays doit se préoccuper
principalement pour la jeunesse, ce sont les inégalités du
travail ainsi que les inégalités économiques qui en suivent.
D'ici 2030, il nous reste 16 ans, ce qui est largement
suffisant pour que le pays prenne de bonnes décisions.
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