L’agriculture intelligente face au climat : Un concept qui fait débat !
Village Agricole de Kimbinga, à 40 km de la ville de Kikwit en RDC |
Il a été urgent pour moi de consacrer un travail scientifique
à l’heure où les dirigeants du monde parlent du climat. Voici un
extrait de mon Travail de Fin d’Etudes présenté et défendu le 25
juillet 2015, pour l’obtention de titre de Licencié en Sciences
et Techniques de Développement, orientation : Gestion et
Administration des Projets[1].
L’accentuation des menaces climatiques, l’accroissement exagéré
de la population et l’augmentation des besoins des populations
deviennent une menace pour la sécurité alimentaire de l’homme
ainsi que pour la santé et le bien-être de la société[2].
Il est nécessaire à ce jour d’identifier les options possibles en
vue de réduire de manière significative la nuisance des modes de
production et de consommation peu propices et non-viables des
ressources, tout en créant les conditions de maintenance
qualitative et quantitative des capacités de production
nécessaires pour assurer les besoins vitaux des populations. Les systèmes de production semblent de moins en moins s’adapter
aux effets des changements climatiques et leurs récoltes sont
affectées tous les ans par des aléas en tout genre.
Pour contourner ces menaces, plusieurs dispositifs politiques et
approches méthodologiques sont préconisés dans le but de
contribuer à l’amélioration des conditions de vie des producteurs
pauvres et de leurs conditions d’exploitation, parmi lesquelles
l’ « agriculture intelligente face au climat »[3] (AIC, en
sigle) ou « Climate Smart Agriculture » (CSA en sigle).
Ce nouveau concept né en 2010, est encore jeune et la
documentation scientifique n’y est pas encore abondante. Il est
promu par la FAO et la Banque Mondiale depuis 2010. Quand bien
même, il est peu défini, la communauté scientifique s’est alors
accaparée de ce concept qui fait largement l’objet de débat au
niveau international. Ce nouveau concept, est devenu
incontournable dans le milieu scientifique, politique et des
partenaires techniques.
Il est admis depuis quelques décennies que les effets des
changements climatiques risquent de compromettre et d’enfreindre
les efforts fournis jusque là pour atteindre la sécurité
alimentaire mondiale, nationale et locale, malgré les
connaissances scientifiques en la matière et les prévisions en
cours.
S’il est reconnu mondialement par la FAO, mobilise la Banque
Mondiale, engage des pays comme la France ; l’agriculture
intelligente face au climat (acronyme CSA en anglais, pour
Climate-Smart agriculture), est définie par la FAO comme « une
agriculture qui augmente durablement la production et la
résilience (adaptation), réduit ou élimine les gaz à effet de
serre (atténuation), améliore la sécurité alimentaire nationale
et contribue à la réalisation des objectifs de
développement»[4].
Azam et al, (2015)[5] font savoir qu’en mars 2014, les
promoteurs de l’agriculture climato-intelligente ont noté qu’elle
n’est pas une technique, mais une démarche intégrée pour
concevoir une agriculture prenant en compte les paramètres du
climat et qui vise à assurer la sécurité alimentaire en contexte
de changement climatique, tout en atténuant celui-ci et en
contribuant à la réalisation d’autres objectifs de développement.
L’agriculture intelligente face au climat est une approche conçue
pour développer les conditions techniques, politiques et
d’investissement nécessaires pour atteindre une agriculture
durable répondant aux enjeux de la sécurité alimentaire dans un
contexte de changement climatique.Déjà, le terme d’agriculture intelligente face au climat est
rapidement adopté par la communauté internationale, les entités
nationales et les institutions locales.
Pour sa mise en place, la FAO a eu la primauté d’être la seule à
pouvoir le définir, comme étant « une agriculture qui augmente
durablement la production et la résilience (adaptation), réduit
ou élimine les gaz à effet de serre (atténuation), améliore la
sécurité alimentaire nationale et contribue à la réalisation des
objectifs de développement». Ce sont là les trois piliers de
l’AIC.
La première étape a été de faciliter la compréhension de ce
concept en mettant en place « un guide de référence », un
document de 570 pages en anglais, composé de sept modules
pour sa mise en place et sa vulgarisation auprès des pays, des
communautés des praticiens et des scientifiques. Le guide de
référence a été élaboré pour démontrer le potentiel de
l’agriculture intelligente face au climat et ses limites. Il est
destiné principalement aux décideurs politiques et du
secteur agricole.
La deuxième étape était c’est de constituer une Alliance mondiale
depuis septembre 2014. L’Alliance Internationale
climato-intelligente regroupe en son sein 75 membres (18
gouvernements et 57 organisations régionales et internationales
dont les agriculteurs, les scientifiques, les entreprises et les
représentants de la société civile).
Le but de cette alliance mondiale sur l’AIC, est de modifier
l’environnement juridique et institutionnel et
les politiques publiques en matière agricole, aussi bien
au niveau international que régional et
local.
[2] http://www.dailymotion.com/video:
comprendre-le-réchauffement-climatique-en-4-minutes news, 2015.
[3] KAZIKA, K.A, «L’agriculture
intelligente face au climat : concept, limites d’application et
promotion en République Démocratique du Congo », TFE, inédit,
IFAD, Kinshasa, RDC, juillet 2015, pp.7-75.
[5] Azam G., Comes M., Guichard S., Riffaud J., La «
climate smart agriculture » une agriculture livrée à la finance
carbone et aux multinationales, dans Attac & Confédération
Paysannes, mars, 2015, pp.1-6
Commentaires